SEPTEMBRE 2017

Gilles-Christophe, Septembre 2017

à l'usage de l'honnête homme
Philosophies française et écossaise de la première moitié du XIXème.  Philosophies équilibrées en rapport avec les besoins intellectuels de l'honnête homme, raisonnablement cultivé, de cette époque. L'éclectisme cousinien, tant décrié par la suite, remplit bien la fonction de philosophie portative à l'usage de l'homme éclairé, spiritualiste mais pas trop. Une philosophie d'accompagnement et de soutien, un outil pour la vie, susceptible d'accommodement individuel, qui, tout en osant la métaphysique, ne fraie pas de trop près avec la religion. Moi ça me convient.
subtils gains
Pour l'amateur, l'écriture est un appui au jour le jour, et même à la minute la minute: sa modestie assumée n'empêche pas de subtils gains dans l'ordre de l'esprit. Mode d'expression définitivement solitaire. Capture de la vie intérieure en instantanés n'ayant de réalité que dans l'instant.

reconnaissance
L'acte de connaissance est par lui-même un acte de reconnaissance. Ainsi, quand on s'émerveille naïvement devant un paysage, comme peut le faire à sa manière géniale un grand peintre, c'est un peu du dessein de Dieu que l'on perçoit. Pour ne plus être seul, il faut le chercher là où il se peut qu'il ait laissé des signes.
plan intermédiaire
Les principes universels et nécessaires (expression platonicienne empruntée à V. Cousin) fondent la diversité au sein de l'unité. Ils sont les garants de l'unité et ils en témoignent concrètement. S'il nous n'avions que l'Un, il nous manquerait le Tout. Or le Tout est multiple et les principes universels et nécessaires sont innombrables. Si je suis  incapable d'atteindre à la pensée de Dieu faute de disposer de la pensée de l'Un, où je ne vois qu'anéantissement, je peux par contre m'établir au plan des principes universels et nécessaires sans chercher à aller plus haut. Cette position intermédiaire me convient: je l'adopte faute de mieux (pour l'instant).
globale
Je ne suis pas très éloigné d'une croyance, totalement libérée du carcan rationnel,  en la spiritualisation globale du monde, celle des alchimistes pour le monde physique élémentaire, des vitalistes pour la biologie, des psychanalystes et des surréalistes pour la vie intérieure, et, d'une manière générale, des romantiques allemands pour toute la Nature. Mais surtout de l'homme primitif qui est en moi.
le contingent et le permanent
Pas facile de  faire la synthèse des idées qui nous passent par la tête;  le plus souvent il faut consentir à faire le sacrifice de quelques unes. Mais finit par arriver le moment où une synthèse est possible. Ainsi, durant les semaines passées, je suis passé de la conviction que la conscience réflexive est indissociable du temps existentiel, à celle, apparemment antithétique, que l'esprit humain est le miroir des vérités éternelles. Comment concilier ces deux approches de la métaphysique, la première faisant le sacrifice de la vérité absolue pour mieux capter les signes qui viennent à notre rencontre dans la plus pure contingence, la seconde ignorant le projet individuel pour mieux se faire l'écho des idées éternelles ? Et bien, ce matin, j'ai l'intuition qu'il n'y a pas contradiction entre ces deux positions, que je suis le siège de leur réconciliation. La philosophie n'est pas un répertoire et une classification des idées, une sorte de botanique, mais une redécouverte individuelle selon un parcours marqué par la liberté et le hasard. Sans ce besoin organique et vital, de refaire pour soi le voyage, il n'y a pas de philosophie. Du coup, pour revenir à mon propos initial, les idées éternelles, s'il y en a, n'existent de toute façon que si elles sont vécues, que si elles sont incarnées.

Gilles-Christophe, Septembre 2017